La transition énergétique de la France se trouve à un tournant décisif. Entre ambitions fortes et contradictions réglementaires, la flexibilité électrique apparaît comme une solution essentielle pour garantir un réseau stable et résilient. Alors que la troisième Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE 3) vise une réduction de 31 % des émissions d’ici 2030, à savoir passer des 131 MtCO2e actuels à 90 MtCO2e en 2030 ; et réduire notre consommation énergétique de 20% sur la même période, des 500 TWh actuels à 400 TWh en 2030, certains enjeux révèlent un manque de clarté sur les moyens d’y parvenir.
Des ambitions fortes, mais un cap incertain pointé par le Haut Conseil pour le Climat et la CRE
Le Haut Conseil pour le Climat (HCC) a souligné en janvier 2025 l’importance de conserver un cap clair pour la décarbonation. Il rappelle que dans un contexte d’électrification des usages, la quantité d’électricité bas carbone disponible à chaque instant pour répondre aux besoins croissants est un enjeu crucial : la mobilisation de la production nucléaire et de vecteurs tels que l’hydrogène vert et le biogaz ; le recours à des énergies renouvelables comme le solaire et l’éolien soutenus par des leviers de flexibilités électriques. Pourtant, la PPE 3 reste floue sur ce dernier point, n’apportant ni chiffrage précis du potentiel mobilisable, ni sur le coût des mesures.
À la suite de ce premier projet de la PPE 3, la CRE considère que le cadre législatif et réglementaire doit favoriser l’utilisation de l’ensemble des flexibilités. Cela inclut la flexibilité de la demande, à travers des dispositifs tels que les signaux tarifaires heures pleines/heures creuses, l’implication de l’ensemble des moyens de production dans l’équilibrage du système électrique, notamment par la modulation de la production, ainsi que le développement de solutions de flexibilité comme les batteries, qui manquent encore d’une stratégie définie.
Vers un réseau électrique plus agile : RTE dévoile son plan
Récemment, RTE a présenté son plan stratégique d’investissements à l’horizon 2040 (SDDR), un plan ambitieux de 100 milliards d’euros pour moderniser le réseau électrique d’ici 2040 pour rénover, redimensionner et adapter le réseau haute tension. Ce plan prévoit notamment le renforcement des réseaux à haute tension (atteinte d’une capacité installée de 50 GW pour l’éolien et le solaire), la planification des ouvrages éolien et solaire en respectant la capacité cible fixée par l’Etat, mais aussi un cadre de raccordement aux batteries adapté. L’objectif est d’éviter que ces dernières n’injectent de l’électricité pendant les pics de production du solaire, en échange d’un raccordement plus rapide. Cette approche pourrait constituer un premier pas vers une gestion plus agile du réseau.
Malgré un manque d’objectifs chiffrés, la flexibilité électrique est un pilier central de la stratégie électrique de demain. Des solutions existent, qu’il s’agisse du stockage par batterie ou de l’effacement de consommation électrique. Il est crucial que la PPE 3 s’empare pleinement de ces enjeux pour assurer une transition énergétique efficace et équilibrée.