L’Appel d’Offres Flexibilités Décarbonées (AOFD), appelé anciennement Appel d’Offres Effacement, a été mis en place par RTE dans le but de développer les capacités d’effacement électrique afin d’atteindre les objectifs annoncés dans la PPE (programmation pluriannuelle de l’énergie), à savoir 4,5 GW d’effacement à horizon 2024 et 6,5 GW d’ici 2028.
Cependant, pour 2025, la Direction Générale de l’Energie et du Climat et RTE annoncent une réduction substantielle du volume prévu dans le cadre de cet appel d’offres, accompagné d’une baisse du coefficient de rémunération.
Les modalités de l’AOFD 2025 versus 2024 : une révision à la baisse
Pour 2025, le volume initialement prévu pour l’appel d’offres effacement (AOFD), fixé à 4900 MW, a été révisé à la baisse, passant à seulement 2400 MW, contre 2900 MW en 2024. Cette réduction se traduit par une baisse significative du résultat de l’Appel d’Offres Flexibilités Décarbonées, qui passe désormais à 38,8 k€/MW pour tous les opérateurs, marquant une nette chute par rapport à l’année 2024.
Une décision issue de l’intervention de la Direction Générale de l’Énergie et du Climat
Cette révision à la baisse est la conséquence directe d’une intervention de la Direction Générale de l’Énergie et du Climat (DGEC) en août 2024. Face à des contraintes budgétaires croissantes, la DGEC a décidé de mettre en place une coupe budgétaire dans le soutien à la flexibilité électrique. Parmi les principales mesures adoptées, on note :
- Le prix de clearing maximal (plafond proposé par les opérateurs) diminué en raison du volume de capacité réduit.
- Le complément de rémunération maximal incitant à l’activation ou bonus abaissé à 10 k€/MW.
Une baisse contradictoire aux objectifs de décarbonation et de la PPE
La réduction du volume de l’AOFD et la baisse de valorisation sont perçues comme une décision contradictoire par rapport aux objectifs de décarbonation fixés dans la PPE. En effet, cette décision intervient alors même que la flexibilité est considérée comme l’un des leviers essentiels pour accompagner l’essor des énergies renouvelables et garantir la stabilité du réseau électrique face à l’intermittence de ces dernières.
Impacts de la baisse sur les industriels et la flexibilité
Cette baisse accentue également un déséquilibre entre la rémunération perçue par les industriels et les contraintes opérationnelles liées à la participation aux d’effacements, rendant cette solution moins attractive.
Concernant la fiabilité des effacements, la baisse de la rémunération peut paradoxalement réduire l’enjeu financier pour les industriels impliqués, ce qui risque d’affaiblir leur engagement à garantir des capacités de flexibilité fiables et, par conséquent, de fragiliser l’efficacité de ce mécanisme.
Par ailleurs, en rendant cette solution moins attractive, les investissements nécessaires au développement d’infrastructures et de technologies favorisant une flexibilité accrue du réseau risque d’être freinés. À terme, cette tendance pourrait limiter la capacité du système électrique à gérer l’intermittence croissante des énergies renouvelables, augmentant le risque de recourir à des productions carbonées.