Dans un contexte de développement des flexibilités décarbonées comme le souligne la Commission de régulation de l’énergie (CRE) dans ses orientations stratégiques à horizon 2030, les industriels sont de plus en plus sollicités pour participer aux dispositifs d’effacement de consommation en compensation d’une rémunération.
Loin d’être une contrainte, cette participation peut devenir une opportunité, notamment lorsque les ressources internes comme le stock tampon sont mobilisées agilement. En effet, ce levier souvent sous-estimé permet de réduire temporairement la consommation électrique sans perturber la production et surtout, sans générer de perte d’exploitation. Comment ? Explications.

Qu’est-ce qu’un stock tampon, et pourquoi est-il stratégique ?

Le stock tampon est une réserve intermédiaire ou finaux de produits ou de matières premières qui permet d’absorber les variations entre les étapes de production. Il garantit la continuité de la chaîne sans rupture, même en cas de ralentissement temporaire. Selon les secteurs, le stock tampon peut prendre des formes très variées : du stockage de matière première dans la meunerie, des tas de matières premières (copeaux, sciure, plaquettes) et stock de granulés finis en vrac dans la production de pellets de bois, des pièces usinées dans la métallerie…

En période d’effacement, l’usine peut ralentir ou stopper une ligne de production énergivore sans affecter les livraisons ou la cadence globale, grâce au stock tampon. Pour cela, il convient d’identifier en amont les étapes de production pouvant être mises en pause sans risque, en s’appuyant sur le stock tampon existant. L’enjeu est ensuite de reconstituer un surplus de stock tampon légèrement en avance.

L’effacement consiste à réduire ou décaler temporairement une partie de la consommation électrique sur sollicitation du gestionnaire de réseau (RTE). La période d’effacement s’étend du 15 octobre au 15 avril.

Un arbitrage entre flexibilité et performance économique

L’usage du stock tampon permet également de poser un cadre économique clair : quelle quantité de consommation peut-on effacer sans générer de perte d’exploitation ? En d’autres termes, le stock tampon devient un outil d’arbitrage : il permet d’accéder aux revenus de l’effacement tout en maîtrisant les impacts liés à l’arrêt momentané de la production ou à gérer une demande urgence d’un client. Lorsqu’il est bien dimensionné, il sécurise l’opération du point de vue industriel et facilite la décision économique.

Un exemple concret dans une carrière de granulats

Dans une carrière de granulats, le stock tampon prend souvent la forme d’agrégats ou de tas de matériaux concassés stockés en attente de chargement ou de criblage. Lorsqu’un effacement est demandé, il est possible de stopper temporairement les concasseurs, très énergivores, sans interrompre l’activité globale : le chargement des camions peut continuer à partir du stock existant. Cela permet de réduire la consommation électrique pendant la période d’effacement, tout en maintenant la continuité logistique.

Process d’une carrière de granulats © Enerdigit

Process d’une carrière de granulats © Enerdigit

L’intégration de l’effacement dans le fonctionnement industriel ne nécessite pas de révolution : une étude de faisabilité personnalisée, une bonne connaissance des process, et une planification adaptée suffisent. Le stock tampon, bien géré, devient alors un outil opérationnel puissant — non seulement pour contribuer à la flexibilité électrique, mais aussi pour sécuriser la rentabilité industrielle en évitant toute perte d’exploitation.

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