Depuis 2010, le dispositif ARENH (Accès Régulé à l’Électricité Nucléaire Historique) permet aux fournisseurs alternatifs (fournisseurs à l’exception d’EDF) d’acheter une partie de l’électricité produite par le parc nucléaire d’EDF. Ce mécanisme, instauré par la loi NOME pour favoriser l’émergence de la concurrence sur le marché de l’électricité, prendra fin le 31 décembre 2025.
À partir du 1er janvier 2026, il sera remplacé par un nouveau cadre baptisé Versement Nucléaire Universel (VNU). Ce dispositif marque une refonte majeure du modèle de régulation du nucléaire français.
Un nouveau mécanisme de redistribution
Dans le cadre du dispositif ARENH, une partie de la production du parc nucléaire historique français — limitée à 100 TWh par an — devait être obligatoirement vendue aux fournisseurs alternatifs à un prix fixé à 42 €/MWh, tandis que le reste de la production pouvait être écoulé librement sur le marché.
Avec le Versement Nucléaire Universel (VNU), ce principe disparaît : il ne s’agit plus de plafonner le prix d’une partie de la production, mais d’instaurer un mécanisme de redistribution ex-post des revenus lorsque ces derniers dépassent certains seuils.
Le fonctionnement du VNU est le suivant : les bénéfices excédentaires issus de la vente de l’électricité nucléaire seront en partie prélevés par l’État, puis redistribués directement à l’ensemble des consommateurs français — ménages, entreprises et collectivités — sous la forme d’une réduction sur la facture d’électricité.
Calcul et premières estimations pour 2026
Deux seuils de déclenchement du VNU sont prévus : le seuil de “taxation” et le seuil “d’écrêtement”. Même si la valeur de ces derniers n’est pas encore connue avec précision, ils seront basés sur les coûts complets de production nucléaire calculés par la Commission de Régulation de l’Energie (CRE), tel que :
Le seuil de taxation est égal au coût complet de production du nucléaire + 5 à 25 €/MWh
Le seuil d’écrêtement est égal au coût complet de production du nucléaire + 35 à 55 €/MWh.
Ainsi, en cas de dépassement du seuil de taxation, 50% des revenus qui excèdent ce dernier seront prélevés et redistribués. En cas de dépassement du seuil d’écrêtement, 90% des revenus qui excèdent ce dernier seront prélevés et redistribués.
Dans ses projections publiées le 30 septembre 2025, la CRE estime que la production nucléaire historique générera pour EDF 23,79 milliards d’euros de revenus pour 360 TWh produits, soit un prix moyen de 66,08 €/MWh.
L’estimation des coûts complets de la production nucléaire se situant en dessous du seuil de taxation, aucune contribution ne serait due par EDF au titre du VNU en 2026. Autrement dit, aucune redistribution ne sera appliquée sur les factures la première année, sauf si les prix de marché augmentent sensiblement.
Ces chiffres restent toutefois prévisionnels : ils dépendent de la production effective du parc nucléaire et de l’évolution des cours de l’électricité.
De plus, ces paramètres doivent encore être confirmés par décret avant l’entrée en vigueur du dispositif. La Commission de régulation de l’énergie (CRE) sera chargée d’évaluer chaque année les revenus tirés de la production nucléaire, sur la base d’une comptabilité spécifique d’EDF, afin de calculer le montant exact redistribué au titre du VNU.
Quels impacts pour les entreprises ?
Pour les consommateurs particuliers ou professionnels, cette réforme change la donne :
- L’électricité nucléaire ne sera plus disponible à un tarif fixe et régulé,
- Le VNU apportera un effet protecteur uniquement en cas de flambée des prix, mais pas en période de stabilité.
En résumé
Le Versement Nucléaire Universel constitue une tentative d’équilibre : permettre à EDF de vendre sa production à un prix de marché tout en préservant le pouvoir d’achat des consommateurs en cas de hausse excessive.
S’il s’annonce comme un filet de sécurité contre la volatilité des prix, il marque aussi la fin d’une ère : celle du tarif régulé de l’électricité nucléaire à 42 €/MWh, pilier du système ARENH depuis plus d’une décennie.
Arenh versus Versement nucléaire universel © Enerdigit
Sources :
